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    Articles de presse , atelier etc

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    PHILIPPE CHARPENTIER La Peinture en éruption Une explosion de couleurs   Fatalement, nous sommes des voyeurs impudiques et brusques. Ecrire, parler d’un artiste, c’est aussi le juger. Difficile exercice. Philippe Charpentier ne se répand pas sur son « travail ». Il n’est pas un homme de confidence. Son Verbe, c’est le Trait. Au commencement est le Trait. Et les Couleurs. De La Vie.  La Sienne. Il la recrée du bout de ses mains, la laisse couler de ses pinceaux et des « outils » qu’il utilise pour nous la livrer. Voilà un bail que ce volcan, fait homme, peint. Un volcan marin avec l’apparente et trompeuse timidité d’une violette. D’une anémone de mer. Ou les deux. La critique d’Art est pleine de préjugés et, disons-le tout net, s’est souvent plantée tout au long des siècles. Nombre de critiques d’art déclarés, patentés par le pouvoir du moment, se sont allègrement, voire méchamment fourvoyés, nuisant à des carrières prometteuses voire installées et portant au pinacle des barbouilleurs sans aucun talent. Rien n’a changé à ce sujet, je ne vous le fais pas dire. Charpentier, comme son nom ne l’indique pas (sourires) fait partie des bâtisseurs confirmés. Libre à vous de parcourir sa biographie. Puisque le peintre ne se livre pas, il suffit de découvrir son atelier pour commencer à entrevoir le personnage. Ordre et méthode y règnent. Son atelier ? Une pièce quadrangulaire, une matrice, une caverne de couleurs. Trois murs sont encombrés de toiles, travaillées en même temps. Le quatrième est son écran personnel. Sur lui, Philippe accroche, voire agrafe à même hauteur, ses toiles et ses papiers. C’est un privilège de le voir travailler mais c’est également un moment étonnant. L’homme est impressionnant de puissance, de précision et de rapidité   d’exécution. C’est un musicien, un batteur qui scande les notes sur ses toiles, ses pinceaux battent la mesure au rythme de ce qu’il entend, au propre comme au figuré. Du coup, ses peintures chantent avec lui, par lui. Il faut prendre le temps de les décrypter et les écouter. Entrer dans l’univers pictural de Philippe Charpentier se fait en musique dont la porte est une batterie et la serrure, une clef de sol. Quand plus rien ne « sort » de lui, il recule, jauge et juge. Sans aucune complaisance. Et arrête. Lorsqu’on lui demande quand il sait que la toile est terminée, il vous répond qu’il le « sent ». Il vous regarde avec ses gros yeux, couleur de lagune et c’est tout. N’attendez pas d’explications supplémentaires. Vous n’en aurez pas. Obligation est faite, en cette triste époque, d’étiqueter, de nommer, de baptiser. Expressionniste triomphant me vient tout de suite sous la plume puisqu’il le « faut » bien. Cet expressionnisme est contemporain. Cependant, cette peinture nous parle, comme si elle ramenait, du tréfonds de notre conscience, une sensibilité primitive inhérente à notre condition. Animale et humaine à la fois. Evidemment, les fondamentaux, les quatre éléments, Eau, Air, Terre, Feu sont omniprésents. Ajoutez à cela Voir, Goûtez, Entendez, Savourez, Touchez, Explorez. Une chanson de Geste.  Philippe a trouvé le système de dompter, d’apprivoiser l’énergie, cela même en dépit de l’amplitude de sa peinture qui « sort » du cadre de la toile. Aucun de ses tableaux, d’ailleurs n’est encadré. Pas de bordure. Il convient de laisser les couleurs et les personnages s’échapper dans le réel. Pour parodier Jean Cocteau (pardon !) à l’instar de l’écriture : Peindre est un acte d’amour, s’il ne l’est pas, il n’est que de la peinture. Charpentier peint avec son sang, c’est indéniable. Je m’autorise à « Le » comparer au bassin de Gundestrup, le « graal » celte, un chaudron magique, bouillonnant de couleurs et de personnages vivants. En sort une potion tangible, le fluide vital que vous avez sous les yeux. Même les comètes fébriles dans l’eau, nées de ce chaudron pictural provoquent une émotion physique. Ses eaux dormantes ne le sont pas. Elles couvent, je ne sais quelle tempête d’électrons qui ne demande qu’à exploser. Trompeuse tranquillité de « ses marines », toujours l’étiquetage, qui masquent mal le tsunami à venir. On devine les fissures, les blessures enfouies, on attend l’explosion.   Qui ne tarde guère. Charpentier a besoin de la Nuit et de la profondeur. Alors, ses fractures mutent en Feu. Galaxies, comètes et volcans s’apaisent par l’eau des abysses. Charpentier peint en respirant, en rythme. Même processus que l’écriture, il se livre et se délivre. Pour en jouir. Charpentier est un sensuel et un expressionniste triomphant. Il projette des tableaux dans Le Tableau sans aucune hiérarchie. Comme tous les « grands ». La peinture est un Art Majeur. Ce langage, cette écriture picturale ressemble à ces langues antiques, dont une seule est encore pratiquée, l’hébreu ; chaque « hiéroglyphe », chaque lettre est à la fois un mot et un concept dont le sens n’est pas dénué d’humour. Lesquels évoluent. On reconnait « un » Charpentier, au premier coup d’oeil. J’ai acheté une toile de Philippe, voilà plus de vingt ans. Tous les jours je trouve un nouveau rébus dans mon Charpentier, quand je change d’endroit pour le regarder et entrer dedans. Reconnaissez qu’il y a un brin de magie et de sorcellerie dans cette histoire. Normal ? Certes, Philippe Charpentier vit dans le Berry, ponctué d’échappées océanes. La nature est vitale pour lui, la forêt, les arbres, les fleurs et les animaux libres qui peuplent « son » jardin. La peinture de Charpentier est un Jardin. Un Jardin de Couleurs, aussi vivantes que vous et moi. Confrontée à ses oeuvres, sans le connaître, grâce à Gérard Capazza, qui a eu le mérite et le génie d’exposer les meilleurs artistes contemporains, je n’ai eu de cesse de le rencontrer, voilà trois décennies. Le voir travailler, en son atelier, fut et reste un privilège. « Sa » peinture est un cadeau de la Vie. Un vrai cadeau.   Philippe Charpentier. La Peinture en éruption. Mars 2023 Brigitte Rivoire.